vendredi 22 mai 2015

Tifrit / Hommage à Masin U Haroun :«Haroun est notre fierté. Il est la fierté de toute la Kabylie à qui il a tant donné», Hsen Cherifi

TIFRIT / HOMMAGE À MASIN U HAROUN :«HAROUN EST NOTRE FIERTÉ. IL EST LA FIERTÉ DE TOUTE LA KABYLIE À QUI IL A TANT DONNÉ», HSEN CHERIFI

22/05/2015 - 16:47


TIFRIT (SIWEL) — Ils sont venus des quatre coins de la Kabylie pour rendre hommage à Masin Uharun. En plus des membres de l'association Tigemmi de Tifrit, on compte parmi les présents, ses anciens compagnons comme Hsen Cherifi, Idir Mouloud, le chanteur Said Kessas et le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib qui était à la tête d'un fort cortège de militants de son mouvement. Il y avait aussi l'association des enfants de Martyrs d’ Akbou, des membres de la fondation Matoub Lounes et de la fondation Mustapha Bacha.


Ce matin sur la tombe de Masin U Haroun, en hommage à l'homme et au militant d’exception (PH/DR)
Ce matin sur la tombe de Masin U Haroun, en hommage à l'homme et au militant d’exception (PH/DR)

Aujourd'hui à 10h30, ils étaient nombreux à se recueillir sur la tombe de Muhend u Harun. La manifestation s'est déroulée dans une ambiance fraternelle où chaque délégation a eu le temps qu'il lui fallait pour déposer sa gerbe de fleurs et prononcer quelques mots en hommage au défunt. Le MAK, fortement représenté par son président et un cortège important de militants du Mouvement, s’est incliné devant la mémoire de l'un des meilleurs enfants que la Kabylie a engendré en brandissant le drapeau kabyle sur la tombe de Masin Uharun, un digne fils de la Kabylie qui a tant donné pour sa langue, sa culture et son identité. 

Jugurtha Adjaoudi, un militant du MAK, le premier à intervenir, a mis l'accent sur la nécessité de bannir la culture de l'oubli: « ce qui nous tue c'est l'oubli. Haroun est vivant car nous ne l'avons pas oublié et nous ne l'oublierons jamais. Nous sommes déterminée à entretenir sa mémoire et poursuivre son combat ». 

Larbi Yahioune, président de l'association TIGEMMI du village de Tifrit, a mis en évidence les travaux de recherche effectué par Masin u Harun, affirmant avec insistance qu'«une langue, pour durer et se développer a besoin d'un Etat». 

Hsen Cherifi, a quant à lui témoigné sur les qualités humaines, le courage et l'engagement de Muhend u Harun qui doit servir selon lui d'exemple à toutes les générations. «Haroun est notre fierté. Il est la fierté de toute la Kabylie à qui, il a tant donné». 


Bouaziz Ait Chebib, a de son côté, mis en avant le rôle joué par les vraies élites dans l'éveil des consciences en citant en exemple Muhend u Harun: « on dit souvent que le vrai héro c'est le peuple, mais il ne faut oublier que ce peuple tire son héroïsme de l'héroïsme de ceux qui l'éveillent à l'instar de Muhend u Harun. Ce grand militant incorruptible, dément et prouve à quel point ceux qui disent que les kabyles se vendent ont tort. Si tel était le cas, la Kabylie n'aurait jamais engendré de Muhend u Harun, et aujourd'hui, aucun hommage ne lui aurait été rendu. Notre présence ici, pour réitérer notre engagement et notre ferme détermination à poursuivre son œuvre, indique clairement que la Kabylie est toujours debout et qu’elle tire sa force des sacrifices de Muhend u Harun, Bessaoud Muhend Arav et de tant d’autres ... ». 

Poursuit son allocution, Bouaziz Ait-Chebib revient sur le printemps de 1980 et dit que « Avril 1980 n'est pas le début de l'éveil identitaire, il est l'aboutissement du long combat initié par les berbéristes de 1949, poursuivi par Agraw imazighen, Mouloud Mammeri et les poseurs de bombe de 1976 ». Critiquant certaines mémoires sélectives, le président du MAK fustige « Certains "anciens militant de la cause amazighe, qui occultent volontairement ce qui s'est passé en 1976 » avant d’affirmer concernant le Mouvement souverainiste kabyle : « Nous, nous disons que nous assumons pleinement l'affaire des poseurs de bombes qui est indissociable du long cheminement du combat kabyle ». 

Enfin, rendant hommage au militantisme, à l'engagement et au travail de Masin U Harun « qui a été parmi les premier d'introduire notre langue dans le domaine scientifique », le président du MAK a tenu à rappeler que « le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre c'est de continuer son combat pour assurer la pérennité de notre langue et de notre identité qui réclament un Etat kabyle car un peuple sans Etat, se dénature et dilue dans une identité de substitution qui lui sera imposée lentement mais surement » a-t-il conclu. 

L’Hommage à Masin U Harun s’est poursuivi dans l’après-midi avec une conférence témoignage et un gala artistique 

cdb, 
SIWEL 221647 MAI 15 

AT WAGHLIS / HOMMAGE AU MARTYR UZADI ET LEVER DU DRAPEAU NATIONAL KABYLE, LE 26 MAI À CHEMINI

22/05/2015 - 12:19

AT-WAGHLIS (SIWEL) — En hommage au martyr kabyle Farid UZADI, lâchement assassiné par l’Etat algérien le 26 mai 1984 à l’âge de 24 ans, la Coordination MAK d’At Waγlis appelle les citoyennes et les citoyens à participer massivement à un rassemblement suivi d'un dépôt de gerbe de fleurs puis de la pose d'une stèle en hommage à farid UZADI, assassiné par l'Etat algérien le 26 mai 1984. la cérémonie sera suivie du lever du drapeau national kabyle à Chemini, le 26 mai 2015. Ci après l'intégralité de l'appel de la Coordination MAK d'At Waghlis.


At Waghlis / Hommage au martyr UZADI et lever du drapeau national kabyle, le 26 mai à Chemini
AFRANIMAN I TMURT N IQVAYLIYEN 
MOUVEMENT POUR L’AUTODETERMINATION DE LA KABYLIE 
M A K 

Coordination d’At Waγlis 

APPEL 

L’amnésie est le pire ennemie des peuples 
Win iwumi tt-tekkes cfaya, ulayγer lettkal fell-as.
 

Suite à la mobilisation de la société civile de Chemini (citoyens, associations, comités de village) contre la tentative de l'Etat algérien de rebaptiser notre maison de jeunes dans le but de retirer le nom qui lui a été octroyé dans les années 90 par la volonté populaire à travers l'association Tidukla Tadelsant Tamaziγt At Waγlis, une association qui a tant donné pour le combat identitaire depuis sa création en 1989, la maison de jeunes de Chemini est baptisée depuis au nom du valeureux martyr de la liberté Farid UZADI, lâchement assassiné par l’Etat algérien, le 26/05/1984 à l'âge de 24 ans. 

Les pouvoirs publics algériens ont procédé l’année dernière à la dépabtisation de cette maison de jeune afin d’occulter notre histoire et les sacrifices consentis par notre jeunesse pour faire valoir notre droit à l’existence. En procédant de cette façon, l’Etat colonial algérien vise à assassiner une seconde fois Farid UZADI. 

Nous militants du MAK, citoyens d’At Waγlis, nous n’accepterons jamais cette injustice qui confirme une fois de plus le caractère raciste et négationniste de l’Algérie. Nous réaffirmons avec fermeté et détermination que la maison de jeunes de Chemini ne portera aucun autre nom que celui de Farid UZADI, un nom écrit en lettres de sang et qui symbolise la liberté dans notre histoire. 

Devant ce déni de justice et cette grave atteinte à la mémoire de notre martyr de la liberté, la Coordination MAK d’At Waγlis appelle l’ensemble des citoyennes et des citoyens à venir massivement rendre hommage à ce grand homme qui fait la fierté de notre jeunesse et du peuple kabyle. Le rassemblement aura lieu le 26 mai 2015 à 13 devant la stèle de Massinissa. Il sera suivi d’un dépôt de gerbe de fleur sur la tombe de notre martyr UZADI. 

Après le recueillement, il sera procédé à la mise en place de la plaque commémorative au nom de Farid UZADI sur le fronton de la maison de jeunes. L'hommage au martyr Farid Uzadi, sera clôturé par le lever du drapeau national kabyle à 16h30 en face du siège de la Daira de Chemini

Tous et toutes contre l’oubli ! 
Gloire à nos martyrs ! 


"Yella yiwen yella ulac-it, yella wayeḍ ulac-it yella" 
Dda Lmulud At MΣemmeṛ 

"Idammen-ik ttazallen iḍ d wass, sswayen ifadden n tlelli. 
Tilleli attaya ad d-tas, azaglu yellan ad t-nezwi" 
Feṛḥat Mhenni. 


SIWEL 221219 MAI 15 

Ci-dessous, en fichier-joint, l'Appel de la Coordination MAK d'At Waghlis

L’amnésie est la pire ennemie des peuples | Tamurt.info

Appel du MAK
Tamurt.info - Suite à la mobilisation de la société civile de Chemini (citoyens, associations, comités de village) contre la tentative de l'Etat algérien de rebaptiser notre maison de jeunes dans le but de retirer le nom qui lui a été octroyé dans les années 90 par la volonté populaire à travers l'association Tidukla Tadelsant Tamaziγt At Waγlis, une association qui a tant donné pour le combat identitaire depuis sa création en 1989.
22/05/2015 - 10:51 mis a jour le 22/05/2015 - 10:50 par La Rédaction
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AFRANIMAN I TMURT N IQVAYLIYEN

MOUVEMENT POUR L’AUTODETERMINATION DE LA KABYLIE

M A K

Coordination d’At Waγlis

APPEL

L’amnésie est la pire ennemie des peuples
Win iwumi tt-tekkes cfaya, ulayγer lettkal fell-as.
Suite à la mobilisation de la société civile de Chemini (citoyens, associations, comités de village) contre la tentative de l’Etat algérien de rebaptiser notre maison de jeunes dans le but de retirer le nom qui lui a été octroyé dans les années 90 par la volonté populaire à travers l’association Tidukla Tadelsant Tamaziγt At Waγlis, une association qui a tant donné pour le combat identitaire depuis sa création en 1989.
La maison de jeunes de Chemini est baptisée depuis au nom du valeureux martyr de la liberté Farid UZADI, lâchement assassiné par le pouvoir algérien, le 26/05/1984 à l’âge de 24 ans.
Les pouvoirs publics algériens ont procédé l’année dernière à la dépabtisation de cette maison de jeune afin d’occulter notre histoire et les sacrifices consentis par notre jeunesse pour faire valoir notre droit à l’existence. En procédant de cette façon, l’Etat colonial algérien vise à assassine une seconde fois Farid UZADI.
Nous militants du MAK, citoyens d’At Waγlis, nous n’accepterons jamais cette injustice qui confirme une fois de plus le caractère raciste et négationniste de l’Algérie. Nous réaffirmons avec fermeté et détermination que la maison de jeunes de Chemini ne portera aucun autre nom que celui de Farid UZADI, un nom écrit en lettres de sang qui symbolise la liberté dans notre histoire.
Devant ce déni de justice et à cette grave atteinte à la mémoire de notre martyr de la liberté, la coordination MAK d’At Waγlis appelle l’ensemble des citoyennes et des citoyens à venir massivement rendre hommage à ce grand homme qui fait la fierté de notre jeunesse et du peuple kabyle. Le rassemblement aura lieu le 26 mai 2015 à 13 devant la stèle de Massinissa. Il sera suivi d’un dépôt de gerbe de fleur sur la tombe de notre martyr UZADI.
Après le recueillement, il sera procédé à la mise en place de la plaque commémorative au nom de Farid UZADI sur le fronton de la maison de jeunes.
L’hommage au martyr Farid Uzadi, sera clôturé par le lever du drapeau national kabyle à 16h30 en face du siège de la Daira de Chemini.
Tous et toutes contre l’oubli !
Gloire à nos martyrs !
"Yella yiwen yella ulac-it, yella wayeḍ ulac-it yella"
Dda Lmulud At MΣemmeṛ
"Idammen-ik ttazallen iḍ d wass, sswayen ifadden n tlelli.Tilleli attaya ad d-tas, azaglu yellan ad t-nezwi"
Feṛḥat Mhenni.

Mohamed Haroun | Tamurt.info

Hommage à Masin U Harun, par Smail Medjber

Mohamed Haroun

Par Smaïl Medjeber
22/05/2015 - 09:55 mis a jour le 22/05/2015 - 09:48 par Smail Medjeber

Quand tu rédigeais les bulletins de l’O.F.B*. tu y croyais…
Quand tu venais chez moi faire le tirage avec la ronéo (qu’on avait achetée ensemble), tu y croyais…
Quand on se réunissait dans une chambre d’étudiant, tu y croyais…
Quand on te flagellait, nu, attaché à une chaise, jusqu’à l’ouverture de ta chair saupoudrée de sel puis soumise aux électrochocs, tu y croyais…
Quand on t’avait condamné à perpétuité dans une parodie de procès, tu y croyais…
Quand on t’enfermait dans des cachots sordides, tu y croyais…
Quand tu purgeais courageusement, dignement tes onze années et demie de calvaire, tu y croyais…
Qu’un jour, une Promotion d’élèves** de cette “Belle langue” comme tu l’appelais, porterait ton nom ?
Oui, tu y croyais, Mohamed Haroun. Oui, tu y croyais : dur comme la vérité ; dur comme le droit ; dur comme l’amour de ta langue ; dur comme ta foi inébranlable en la légitimité de ton combat ; dur comme le marbre sous lequel tu reposes, pour l’éternité, à Tifrit, ton village natal, qu’un jour, comme tu l’as dit : Les Amazighs seront fiers de leur langue.
Et que nous, nous serions fiers d’eux et d’elles, fiers de ces jeunes gens et jeunes filles qui portent, à présent, tamazight, dans leurs cœurs, dans leurs têtes, dans leurs cartables…” 
Smaïl Medjeber
*Organisation des Forces Berbères.
** Promotion Mohamed Haroun sortie des classes d’enseignement de la langue amazighe dirigées par l’Association Tala n 
Tussna de Tizi-ouzou, le 3/7/1997.
(Extrait d’Abc Amazigh, une expérience éditoriale en Algérie, volume 2, de Smaïl Medjeber, paru aux éditions L’Harmattan)

Mohamed Haroun

“Nous continuerons à œuvrer en fidélité à sa mémoire et à son combat”
Pour les Associations Amazighes du Maroc, A. Adghirni
Adieu Mohamed Haroun,
Adieu, celui qui n’a jamais fait de mal,
Adieu notre défunt compagnon de combat.
Par Hocine Cheradi
Huit ans à peine après sa libération Mohamed Haroun est reparti.
Non pas pour une peine de prison de laquelle il reviendra une nouvelle fois vers la vie après l’avoir purgée, mais, hélas, cette fois-ci pour toujours.
Mohamed Haroun ne donnera plus de discours enflammés ; il ne guidera plus les jeunes avides de ta mazight, de démocratie et de justice. Son association culturelle n’aura plus Mohamed Haroun comme président, pas plus que l’association des enfants de martyrs dont il assurait la présidence.
Le souvenir le plus marquant qu’il me reste de Mohamed Haroun est qu’il est de cette race de seigneurs qui ne plie jamais. Je l’ai connu en 1974, lorsqu’on militait au sein de l’O.F.B dont il était membre fondateur. Nous avons passé ensemble, à la prison de Tazoult (Lambèse), onze années et demi, et, Haroun n’a jamais baissé la tête qu’elle que soit l’adversité. Cela lui a coûté très cher : isolement dans les sous-sols de la prison ; persécution ; et toutes sortes de tracasseries pénitentiaires.
Il a toujours marché debout, la tête haute, fier d’être le fils d’un glorieux martyr de la révolution et d’être l’un des militants les plus acharnés de la cause amazighe. Mohamed Haroun a toujours donné ce qu’il avait : le savoir, les idées, l’expérience de la lutte politique, les idéaux de justice… sans jamais rien demander en retour. Il a refusé même jusqu’à ce qu’on lui a donné.
Haroun, pourtant, n’a pas été gâté ni par la société avant et après l’indépendance, ni par la vie. Que ce soit à la maison des enfants de martyrs en 1963 (alors âgé tout juste de 13 ans), au lycée technique de Dellys plus tard ; durant sa détention surtout ; après sa libération, durant huit ans, il est resté sans travail donc sans ressources, jusqu’à sa mort.
Mais il a beaucoup laissé : il laisse d’abord son nom, Mohamed Haroun, un symbole d’honnêteté, de courage et d’abnégation.
Haroun a laissé des travaux en ta mazight : un recueil de poèmes commencé en 1976 ; un essai de grammaire ; et des tableaux de peinture de haute facture dont la valeur a été reconnue par de grands artistes peintres. Il a laissé Dassine et Lydia, ses deux filles, des petites Dihia et Fadhma n’Soumer.
Pourvu d’un corps robuste et d’une santé de fer, la maladie du siècle, le cancer, a eu raison de toi. Mais en fin de compte, c’est toi Mohamed Haroun qui est sorti vainqueur de ton long combat.
De quelques centaines de militants dans les années 60, ton idéal est repris par des millions de jeunes et moins jeunes pour le porter vers les sommets les plus hauts et les plus glorieux dont tu rêvais avec tes camarades durant la lutte clandestine pendant les années 1970. 
Hocine Cheradi
(Ancien compagnon de combat de Mohamed Haroun, militant de l’Organisation des Forces Berbères, l’un des rédacteurs de Athmaten l’organe de l’OFB, ex. condamné à perpétuité.)
(Extrait d’Abc Amazigh, une expérience éditoriale en Algérie, volume 2, de Smaïl Medjeber, paru aux éditions L’Harmattan)

HOMMAGE À MASIN U HARUN, PAR SMAIL MEDJBER

21/05/2015 - 23:06

DIASPORA (SIWEL) — En hommage à son compagnon de combat pour la cause amazighe, Mohamed HAROUN décédé le 22 mai 1996, il y a 19 ans, Smail Medjber nous a fait parvenir deux textes que nous publions ci-après en hommage à la mémoire du grand militant Masin U Harun.


Hommage à Masin U Harun, par Smail Medjber
Mohamed Haroun 
Par Smaïl Medjeber 

Mohamed Haroun 
Par Smaïl Medjeber 

Quand tu rédigeais les bulletins de l’O.F.B*. tu y croyais… 

Quand tu venais chez moi faire le tirage avec la ronéo (qu’on avait achetée ensemble), tu y croyais… 

Quand on se réunissait dans une chambre d’étudiant, tu y croyais… 

Quand on te flagellait, nu, attaché à une chaise, jusqu’à l’ouverture de ta chair saupoudrée de sel puis soumise aux électrochocs, tu y croyais… 

Quand on t’avait condamné à perpétuité dans une parodie de procès, tu y croyais… 

Quand on t’enfermait dans des cachots sordides, tu y croyais… 

Quand tu purgeais courageusement, dignement tes onze années et demie de calvaire, tu y croyais… 

Qu’un jour, une Promotion d’élèves** de cette “Belle langue” comme tu l’appelais, porterait ton nom ? 

Oui, tu y croyais, Mohamed Haroun. 

Oui, tu y croyais : dur comme la vérité ; dur comme le droit ; dur comme l’amour de ta langue ; dur comme ta foi inébranlable en la légitimité de ton combat ; dur comme le marbre sous lequel tu reposes, pour l’éternité, à Tifrit, ton village natal, qu’un jour, comme tu l’as dit : Les Amazighs seront fiers de leur langue. 

Et que nous, nous serions fiers d’eux et d’elles, fiers de ces jeunes gens et jeunes filles qui portent, à présent, tamazight, dans leurs cœurs, dans leurs têtes, dans leurs cartables…” 

Smaïl Medjeber 

*Organisation des Forces Berbères. 

** Promotion Mohamed Haroun sortie des classes d’enseignement de la langue amazighe dirigées par l’Association Tala n 
Tussna de Tizi-ouzou, le 3/7/1997. 

(Extrait d’Abc Amazigh, une expérience éditoriale en Algérie, volume 2, de Smaïl Medjeber, paru aux éditions L’Harmattan) 


Hommage à Masin U Harun, par Smail Medjber
Mohamed Haroun 

“Nous continuerons à œuvrer en fidélité à sa mémoire et à son combat” 
Pour les Associations Amazighes du Maroc, A. Adghirni 
Adieu Mohamed Haroun, 
Adieu, celui qui n’a jamais fait de mal, 
Adieu notre défunt compagnon de combat. 

Par Hocine Cheradi 


Huit ans à peine après sa libération Mohamed Haroun est reparti. 
Non pas pour une peine de prison de laquelle il reviendra une nouvelle fois vers la vie après l’avoir purgée, mais, hélas, cette fois-ci pour toujours. 

Mohamed Haroun ne donnera plus de discours enflammés ; il ne guidera plus les jeunes avides de ta mazight, de démocratie et de justice. Son association culturelle n’aura plus Mohamed Haroun comme président, pas plus que l’association des enfants de martyrs dont il assurait la présidence. 

Le souvenir le plus marquant qu’il me reste de Mohamed Haroun est qu’il est de cette race de seigneurs qui ne plie jamais. Je l’ai connu en 1974, lorsqu’on militait au sein de l’O.F.B dont il était membre fondateur. Nous avons passé ensemble, à la prison de Tazoult (Lambèse), onze années et demi, et, Haroun n’a jamais baissé la tête qu’elle que soit l’adversité. Cela lui a coûté très cher : isolement dans les sous-sols de la prison ; persécution ; et toutes sortes de tracasseries pénitentiaires. 

Il a toujours marché debout, la tête haute, fier d’être le fils d’un glorieux martyr de la révolution et d’être l’un des militants les plus acharnés de la cause amazighe. Mohamed Haroun a toujours donné ce qu’il avait : le savoir, les idées, l’expérience de la lutte politique, les idéaux de justice… sans jamais rien demander en retour. Il a refusé même jusqu’à ce qu’on lui a donné. 

Haroun, pourtant, n’a pas été gâté ni par la société avant et après l’indépendance, ni par la vie. Que ce soit à la maison des enfants de martyrs en 1963 (alors âgé tout juste de 13 ans), au lycée technique de Dellys plus tard ; durant sa détention surtout ; après sa libération, durant huit ans, il est resté sans travail donc sans ressources, jusqu’à sa mort. 

Mais il a beaucoup laissé : il laisse d’abord son nom, Mohamed Haroun, un symbole d’honnêteté, de courage et d’abnégation. 
Haroun a laissé des travaux en ta mazight : un recueil de poèmes commencé en 1976 ; un essai de grammaire ; et des tableaux de peinture de haute facture dont la valeur a été reconnue par de grands artistes peintres. Il a laissé Dassine et Lydia, ses deux filles, des petites Dihia et Fadhma n’Soumer. 

Pourvu d’un corps robuste et d’une santé de fer, la maladie du siècle, le cancer, a eu raison de toi. Mais en fin de compte, c’est toi Mohamed Haroun qui est sorti vainqueur de ton long combat. 

De quelques centaines de militants dans les années 60, ton idéal est repris par des millions de jeunes et moins jeunes pour le porter vers les sommets les plus hauts et les plus glorieux dont tu rêvais avec tes camarades durant la lutte clandestine pendant les années 1970. 

Hocine Cheradi 

(Ancien compagnon de combat de Mohamed Haroun, militant de l’Organisation des Forces Berbères, l’un des rédacteurs de Athmaten l’organe de l’OFB, ex. condamné à perpétuité.) 

(Extrait d’Abc Amazigh, une expérience éditoriale en Algérie, volume 2, de Smaïl Medjeber, paru aux éditions L’Harmattan) 


SIWEL 212306 MAI 15