dimanche 17 avril 2011

Le tribunal pénal international a jugé recevable la plainte du MAK contre les commanditaires des crimes commis contre les jeunes Kabyles en 2001

Le tribunal pénal international (TPI), dont le siège se trouve à La Haye (Pays Bas), a jugé recevable la plainte du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) contre les commanditaires des crimes commis contre les jeunes Kabyles en 2001.
16/04/2011 - 20:50 mis a jour le 16/04/2011 - 22:50 par Saïd Tissegouine
    
De ce fait, le Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK  ) a décidé d’ester en justice M. Abdelaziz Bouteflika, et ce , en tant que premier responsable des crimes commis puisqu’il était président de la république au moment des faits. C’est ce qu’a affirmé, hier, M. Arezqi At Hemmuc, ministre des Relations internationales au GPK à l’occasion du meeting animé aux Ouacifs. Le ministre du GPK a précisé que pas moins de onze avocats ont pris en charge cette affaire. « Quatre d’entre eux, précise le ministre, ont été mobilisés par le parlement flamand, trois sont de nationalité française et deux autres sont des Suisses ». S’agissant des deux autres, M. Ath-Hammouche n’a pas révélé leur nationalité. «  Une fois devant les juges, l’accusé ne manquera certainement pas de révéler le ou les commanditaires de cette tragédie », note le ministre qui a tenu à rassurer l’assistance que les crimes ne demeureront pas impunis. Le ministre a déclaré également que c’est sur invitation des autorités américaines que le président du GPK, M. Ferhat Mehenni, est depuis le 12 de ce mois en visite officielle d’une dizaine de jours à Washington DC. A l’issue de ce séjour officiel dans la capitale fédérale américaine, le président du GPK sera reçu par le Congrès, le Sénat et le Pentagone. Dans ses discussions, il sera question du dossier kabyle, selon le ministre des affaires étrangères du GPK.
En sus de ces informations agréablement accueillies par l’assistance fort nombreuse, M. At Hemmuc a puissamment développé le thème ayant directement trait à l’avenir de la nation kabyle et les raisons de sa demande d’autonomie. « Même en Europe, le débat sur l’identité est lancé », souligne d’emblée le ministre du GPK pour ajouter ensuite que « si l’Algérie a un problème c’est à cause de son système politique ». « Les Algériens disent bien « Bled El Kabaïl ( le pays des Kabyles) » pour désigner la Kabyle ; cette identification n’est pas innocente », affirme l’orateur avant de déclarer : « Nous voulons nous aussi reprendre notre mode de gouvernance et notre système politiques ancestraux ».
Continuant sur la même lancée, le ministre des affaires étrangères du GPK a évoqué le concept de « l’unité » lequel « a été imposé par la France coloniale pour répondre au mieux à ses intérêts  ». « Et maintenant que la France n’est plus là, ajoute l’orateur, nous devons poursuivre le processus de décolonisation pour pouvoir retrouver notre système ancestral ». M. At Hemmuc n’a pas nié la présence du FFS et du RCD au parlement mais « ils ne peuvent aucunement défendre un projet dans notre intérêt puisqu’ils sont minoritaires ». « Et ce n’est quand même pas Abdelaziz Belkhadem qui porte la tenue afghane qui puisse assurer nos intérêts », lâche l’orateur avec un air mi-sérieux mi-plaisantin pour déclarer aussitôt que « seule l’autonomie constitue la solution idoine que recherchons ».
En ce qui le concerne, le président du MAK par intérim, Si Moh Tayev Larvi, l’homme qui, d’ailleurs, a ouvert le bal comme d’habitude, a développé son thème d’excellence avec compétence. La laïcité chez le peuple kabyle depuis la nuit des temps, le principe républicain appliqué dans les villages, la Kabylie, berceau de la science, l’invention des chiffres de zéro jusqu’à neuf par un mathématicien kabyle de l’université des Hammadite (v’gayet), et l’appellation à tort « chiffres arabes » à cause de l’influence de l’Andalousie arabo-muslmane à cette époque, les Turcs et les Français qui qui se sont coalisés contre les Kabyles en 1830 et ce 21 énième siècle qui est celui de la décolonisation de tout peuple autochtone pour peu qu’il manifeste son désir dans ce sens, sont autant de points développés avec brio et, évidemment, fort bien enregistrés par les citoyens des Ouacifs.
Lui succédant dans la prise de parole mais sans toutefois être prolixe, Mlle Hassiba Abassène, militante et cadre du MAK de la première heure, a informé l’assistance que son choix pour la défense des couleurs du MAK a pour motif « l’honneur, la nécessité pour la nation kabyle d’exister en tant telle et dans laquelle la femme, cette moitié de l’homme, est vue et considérée dans toute sa dimension ». Ces simples mots traduisant le profil authentique du peuple kabyle ont valu à son auteur de grandes ovations de la part de la population des Ouacifs.
Après Mlle Hassiba Abassène, le Secrétaire national à l’Organique, M. Bouaziz Aït-Chebib, prend enfin la parole. L’homme, connu comme un véritable harangueur de foule, a, comme à son habitude, réussi à démontrer le bien-fondé de la revendication du MAK. Après les salutations d’usage propres aux Kabyles, le Secrétaire National à l’Organique du MAK attaqua : « Le peuple kabyle mes frères, n’est pas tombé du ciel et la Kabylie n’est ni à vendre, ni à hypothéquer ». « Aussi, ajoute-t-il en guise d’introduction, notre peuple a droit au respect qu’il mérite comme les autres peuples de cette planète ».
Bouaziz Aït-Chebib a cité Charles Alexis de Tocqueville et Karl Marx, deux grandes figures du I9e siècle qui ont parlé de la Kabylie et la grandeur du peuple kabyle. Le premier pour son témoignage quant à «  l’indépendance » du peuple kabyle et le second sur son mode de vie et son système politique lui ayant servi d’exemple dans sa mise au point de sa doctrine sur le socialisme. « En dépit des multiples invasions culturelles et linguistiques qu’elle a subie, la nation kabyle a su leur résister et les combattre », déclare encore l’orateur. Faisant le comparatif avec l’Egypte qui a 85 millions d’habitants, il y a eu beaucoup de mal à faire sortir un million de personnes dans la rue alors que « seulement sept millions d’habitants, la Kabylie a mobilisé deux millions de personnes à la suite d’un simple appel, a clamé le Secrétaire National à l’Organique du MAK. S’agissant de la guerre d’indépendance de l’Algérie, l’orateur a crié haut et fort que ce sont les kabyles qui l’ont menée contre la France. « Et on n’a obtenu rien que de la haine des autres Algériens », remarque-t-il avant d’ajouter que « la Kabylie a toujours été méprisée et isolée ». Sans omettre de parler de l’indépendance confisquée aux Kabyles par ceux-là même qu’ils considérait comme leurs frères, Bouaziz Aït-Chebib « prouve » la poursuite de la politique d’anéantissement de la culture et l’identité kabyles par le pouvoir algérien qui n’hésite pas à octroyer l’espace d’habitation kabyle aux terroristes repentis. « La méthode choisie à cet effet, signale l’orateur, est la mise en application sur le terrain de la doctrine arabo-islamiste ». « Azazga et Fréha ainsi que d’autres localités sont aujourd’hui infestés de ces repentis à tel point que l’arabe rivalise avec le kabyle et l’islamisme y est instaurée », affirme le Secrétaire National à l’Organique du MAK qui ne cache pas encore que parmi ces repentis, certains, devenus des imams, déclarent ouvertement que le mot « AZUL   » est prohibé par l’islam. Toutefois, l’orateur avoue que cette nouvelle politique du pouvoir contre la Kabylie ne l’étonne pas, et par conséquent, « seule un Etat kabyle est à même de sauver la langue et la culture kabyle de la disparition ». Et encore une fois, l’harangueur de foule du MAK revient sur la thèse selon laquelle quelle quel soit le différent entre les clans du pouvoir, « lorsqu’il s’agit de détruire la Kabylie, ils arrivent à se mettre d’accord ». « Même les éradicateurs et les réconciliateurs, pourtant en guerre ouverte, en ont donné la preuve en 2001 », argue-t-il.
Nonobstant ce constat alarmant concernant la Kabylie, le Secrétaire National à l’Organique du MAK reconnaît que la partie n’est pas perdue puisque le GPK veille au grain à l’extérieur. L’orateur déclare même à l’assistance captivée que « le peuple kabyle n’est pas amnésique et qu’il fera payer très cher à tous ceux qui lui ont causé du tort ». Il va sans dire que des noms de personnalités physiques reconnues comme des ennemis de la Kabylie ont été cités à l’endroit de la population des Ouadias. S’agissant du Front des Forces Socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD), Bouaziz Aït-Chebib les a exhorter de retirer leurs élus des institutions « élues » algériennes. C’est suite aussi à cet appel en direction de ces deux partis kabyles que le Secrétaire National à l’Organique du MAK a appelé les citoyens des Ouacifs à venir massivement le 20 avril prochain à Tizi-Ouzou pour exiger « le droit à la tenue d’un référendum sur l’autodétermination du peuple kabyle ». A noter que l’adhésion de l’assistance au discours du MAK a été marqué par un tonnerre d’applaudissements et par des cris « vive le MAK/ » «  Vive le GPK ».
C’est aussi avec ce sentiment du devoir accompli que le Secrétaire National à l’Organique du MAK, le ministre des affaires étrangères du GPK et l’un des organisateurs du meeting aux Ouadhias  , en l’occurrence Karim, ont pris la direction de Seddouk, région natale de Cheikh Aheddadh, pour animer un deuxième meeting. A la maison de jeunes Berkam Madjid de Seddouk, lieu qui a abrité le rendez-vous avec la vaillante population de Seddouk, le verbe a été également à la mesure de l’exigence de la situation et des attentes du peuple kabyle. En effet, l’assistance, fort attentionnée, a été informée par le ministre des affaires étrangères du GPK de la plainte contre le président de la république algérienne reconnue recevable par le TPI par rapport aux événements tragiques de 200I ainsi que de la visite officielle du président du GPK aux Etats-Unis.
En ce qui le concerne, Razik Zouaoui, chargé de l’éducation et de la promotion de la langue kabyle, a évoqué les raisons qui motivent le peuple kabyle à demander son autonomie. Pour ce faire, l’orateur a mis en exergue des éléments historiques et les spécificités culturelles, linguistiques, sociologiques et religieuses prouvant l’existence de peuples d’Algérie et « le droit du peuple kabyle » à mettre fin à cette politique basée sur le concept d’ « unité ».
C’est dans ce sens que Bouaziz Aït-Chebib a abondé mais sous une autre forme que celle de Razik Zouaoui. Le Secrétaire National à l’Organique du MAK a commencé par apporter un correctif à la prononciation volontairement Arab Bessaoud, pour l’identité kabyle a aussi été mentionnée par l’orateur. Idem concernant les poseurs de bombes qui ont été «  manipulés » par une taupe de l’ex-Sécurité Militaire.
Le dossier du Printemps 1980 a été aussi passé au peigne fin par le Secrétaire National à l’Organique du MAK. L’assistance a pu connaître l’amont et l’aval de l’affaire et tous ses dessous, informations réservées jusque-là qu’aux grands connaisseurs. Les différents mouvements des enfants de Chouhada ont été évoqués aussi dans leur moindre détail. Et dans chaque affaire, rien de visible que l’empreinte kabyle, et ce, pour « justement la reconnaissance identitaire ».
Avant de revenir sur les événements de 2001, Bouaziz Aït-Chebib s’est longuement étalé sur l’événement mémorable connu sous l’appellation de l’année du cartable. Dans son allocution, l’orateur a « lavé » de toutes les allégations mensongères dont a été victimes le président du GPK de la part de ses détracteurs. « Contrairement à ce que les mauvaises langues et les esprits destructeurs ont prétendu, M. Ferhat Mehenni a fait fuir ses enfants en France pour les sauver d’une mort certaine et non pas pour le faire suivre leurs études là-bas ». « C’est bel et bien suite aux menaces de liquidation physique de tous ses enfants qu’il a reçues que M. Ferhat Mehenni a décidé de les mettre à l’abri en France. Il a agi comme n’importe quel père aurait agi pour protéger ses enfants », a martelé le Secrétaire National à l’Organique du MAK avant de prononcer une violente diatribe contre les auteurs des allégations mensongères ayant ciblé le président du GPK à cette époque.

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