jeudi 3 mai 2012

Affaire Matoub Lounes : Malik Medjnoun Libéré - Actualité - El Watan

Affaire Matoub Lounes : Malik Medjnoun Libéré - Actualité - El Watan


Affaire Matoub Lounes : Malik Medjnoun Libéré


le 03.05.12 | 09h41 Réagissez


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Douze ans après son incarcération, Malik Medjnoun, reconnu complice dans l’assassinat du chanteur kabyle, Matoub Lounes, le 25 juin 1998, à Tala Bounane, entre Tizi-Ouzou et Béni Douala, a été libéré, mercredi 2 mai, de la maison d’arrêt de Tizi Ouzou après avoir purgé sa peine.




Lors de sa mise en liberté, des militants des droits de l’homme, des membres du comité de soutiens crée pour le suivi de cette affaire qui a tenu en alène tout une région, sont venus l’accueillir à la sorti. Aussi, étaient présents les représentants des comités des villages de la daïra de Béni Douala.   


Inculpé en 1999, en compagnie de Abdelhakim Chenoui qui a été libéré, quant à lui, le 5 mars 2012, Malik Madjnoun a recouru plusieurs fois, pendant sa détention, à des grèves de la faim pour revendiquer un «procès juste et équitable», mais surtout contre la période de sa détention provisoire qui a duré prés de 11 ans.


La libération des deux ex-prisonniers ne met pas fin à cette affaire, puisque la famille du « Rebelle » avait exigé l'audition de 52 témoins parmi lesquelles figurent des acteurs politiques de la région.  Réfutant l’implication de Medjnoun dans l’acte ignoble qui a coûté la vie au chanteur, Malika Matoub, la sœur de Lounes et sa mère, ont demandé, également, lors de la précédente audience de procéder à une étude balistique. 






Nordine Douici


Lettre à mon grand frère Tahar Djaout.

 « Azul fell-ak agma amuqran Tahar Dawat, ay amusnaw Ay amagday.

C’est par cette phrase que je tiens à commencer cette lettre car c’est avec une grande émotion, fruit de ma grande admiration et de mon profond respect pour une personne de votre qualité, que je l’écris. Il y a dix neuf ans, j’ai ressenti amèrement votre départ. Loin de vous, je me suis senti perdu dans cette marée d’idioties. Et loin de vos paroles sages et de votre grandeur d’âme, il m’a été difficile d’exprimer mes sentiments et de débattre de sujets sérieux. Mais en lisant vos paroles, je ne peux plus me taire :

« Le silence c'est la mort,
Si tu parles, tu meurs,
Si tu te tais, tu meurs
Alors dis et meurs!"

Les pseudos intellectuels cautionnent le pouvoir sanguinaire, maffieux et assassins. N’est-ce pas pour ses (intellectueurs) et non intellectuels que tu disais : « Mais c’est vrai aussi qu’il y a eu l’intellectuel officiel, le prototype de l’intellectuel qui était là pendant le parti unique, qui était le porte-parole du pouvoir qui, avec la démocratie, se découvre soudain l’âme de démocrate et qui, lorsqu’il s’agit de prendre ses responsabilités, lorsque les jeux ne sont pas clairs, cet intellectuel généralement se terre chez lui en attendant que les choses s’éclaircissent pour qu’il puisse s’exprimer sans prendre aucun risque. Mais peut-on appeler intellectuel ce genre de
personnage ? » Grand frère, si aujourd’hui, je vous écris cette lettre, c’est que vous étiez, en toute objectivité, quelqu’un de bon, de grand non seulement par la bonté et la grandeur de votre famille, mais surtout par votre cœur et vos innombrables talents; un journaliste brillant, un poète talentueux, un écrivain de renommée mondiale, un intellectuel de très haut niveau et un penseur visionnaire aux idées pleines d’humanité. De plus, vous avez été responsable de la rubrique culturelle de l’hebdomadaire Algérie-Actualité de 1980 à 1984. Vous avez été aussi le fondateur et directeur de l'hebdomadaire Ruptures en janvier 1993. Et sans oublié que vous avez été un « lutteur et combattant de tout premier rang » pour l’épanouissement de notre langue et culture amazighe.

Vous avez été présent parmi nous pour nous encourager à persévérer à travers vos travaux titanesques, votre immense talent et votre respect pour notre langue et culture amazighe : « À la famille qui avance et non à la famille qui recule. », pour reprendre vos propos. Vous avez été capable de relever ce défi. Vous avez été la seule et unique étoile qui a su briller au milieu d’un amas de nuages assombris par l’ignorance. Et nous vous restons pour cela infiniment reconnaissants.
En dépit des difficultés qui se sont dressées sur votre chemin, je garde espoir que votre legs fera avancer les choses pour nous. Mon souhait reste dans ce sens. J’ai le regret de constater qu’il y a encore beaucoup d’évolution à faire chez-nous. À ce sujet, vous n’avez rien caché en disant : « Je pense que lorsqu’on regarde l’idéologie du FLN, l’intégrisme islamique n’est que l’aboutissement de cette idéologie. C’est une expression paroxystique de l’idéologie du FLN. Lorsque nous prenons la Constitution élaborée par le FLN qui stipule que l’Islam est religion de l’état, il est évident que les islamistes, dans leur logique, ne demandent que l’application de cet article de la Constitution. Nous voyons aujourd’hui le FLN dans le champ politique. Lors du dialogue avec le HCE par exemple, le FLN avait des positions tout à fait proches de celles des islamistes. Et la presse du FLN est devenue la presse des islamistes. Donc le passage de la logique et de l’idéologie du FLN vers la logique et l’idéologie intégriste est un passage extrêmement ténu. Le pas est très vite franchi. Je pense que c’est l’arabo-islamisme du FLN qui, en évoluant d’un point de vue idéologique, a donné l’islamisme tout simplement.»


Le combat pour sauvegarder notre langue et notre culture a trouvé peu de vigueur chez nous. Il est vrai que les partis politiques l’ont injustement éclipsé et que les forces de l’ordre ont entravé notre parcours. Notre grand chanteur Matoub Lounes lâchement assassiné aussi disait à votre sujet : « Il m'est difficile de m'exprimer à ce sujet, car sa mort m'avait profondément déchiré. Lorsqu'on l'a assassiné, on a assassiné une partie de moi-même, Tahar Djaout, c'est l'espoir que l'on a tenté d'éteindre dans l'Algérie qui avançait. Aussi je continuerai d'honorer sa mémoire et son combat, en m'attelant à la tâche pour défendre ses idées, car Tahar Djaout, s'est battu pour une Algérie plurielle et démocratique, pour une Algérie qui se voulait constructive et qui voulait s'aligner au rang des nations universelles ! Je fais le serment de poursuivre son vœu le plus cher. Pour mener cela à bien, j'ai besoin de l'appui, de la participation de gens censés qui comprennent la douleur de
mon peuple. »


Vous n’étiez pas seulement un grand poète et un grand écrivain, mais surtout un défenseur et un symbole hors du commun de toutes les causes justes. Grand admirateur du grand, Mouloud Mammeri vous êtes devenu une icône de la jeunesse et un grand symbole à l'instar des grands écrivains et pères fondateur de la littérature algérienne d’expression française tels que : Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Mohammed Dib, Taos Amrouche, Assia Djebbar. Armé de la plume, votre unique arme, vous disiez tout haut ce que d'autres pensait tout bas. Vous étiez un homme de principe et d'action, un anticonformiste qui défrayait la chronique et qui n'a jamais plié devant rien. Et la mort vous guettait à tout moment. D’ailleurs c’est vous qui avez un jour dit: « Je suis le déterreur de l'histoire insoumise et des squelettes irascibles enfouis sous vos temples dévastateurs. Je ne cautionnerai jamais vos cieux incléments et rétrécis où l'anathème tient lieu de credo, je ne cautionnerai jamais la peur mitonnée par vos prêtres bandits de grands chemins qui ont usurpé des auréoles d'anges. Je me tiendrai hors de portée de votre bénédiction qui tue, vous pour qui l'horizon est une porte clouée, vous dont les regards éteignent les foyers d'espoir, transforment chaque arbre en cercueil. »
Vous êtes un homme invincible qui demeure l'emblème du courage et du sacrifice. Matoub Lounes grand chanteur, votre ami lâchement assassiné disait en votre

honneur: « Xas neqḍen acḥal d itri « Même s'ils ont effacé des étoiles,
Igenni ur inegger ara. » jamais le ciel n'en sera dépourvu. »

Vous étiez un éveilleur de conscience, toujours celui qui joignait le geste à la parole. Mouloud Mammeri avait été très touché par les paroles de Jean Amrouche lorsqu'il a dit : « Je conçois et raisonne en français, mais je ne peux que pleurer en berbère. » Nous avons pleuré dans toutes les langues comme disait Dda Lmulud :
« Illa walbaεd illa ulac-it, illa wayed ulac-it illa.»
« Il y a des gens qui sont vivants, on dirait qu'ils sont morts et ils y a des gens qui sont morts et qui demeurent toujours vivants.»
Grand frère, nous sommes poètes et cette lettre que j'ai composée pour vous est un hommage d'un poète à un autre poète.

Ṭahar Ğawut.
* Amagday.

Deg wul umagday telliḍ
Deg wayeḍ mmet ur k-icqi
Telliḍ γer wid i tebγiḍ
Wid ur tebγiḍ i wumi
Welleh,
Γas akka yuγ lbaṭel
Ur iğği ur izgil amkan
Itri-k i lebda yecεel
Yiwen ur issaweḍ igenwan.
* * * * * * * * * * * * * ******************
amagday n yal ass.
* * * * * * * * * * * * *
Tira-k d inagan n lxiṛ
Ttwehhint abrid n tafat
Akken bγun saḍen at yexmiṛ
Lḥeq yettban γer zdat
Welleh,
Γas akka zaden isufa
Lehben γef tidett tetten
Isem-ik mechuṛ di tmura
D uḥdiqen i t-id-yettadren.
* * * * * * * * * * * * * *********
Ay amagday n yal ass.
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Tamurt-ik i d tayemmatt
Teẓra tḥarrit id-tesεa
Asmi tessawaleḍ i tegmatt
S lxiṛ-is id a k-tedεa
Welleh,
Kra n win yenγan lḥeq
Yibbwas ad iru fell-as
Kečč d argaz d bab n lḥeq
A k-yeg amkan di reḥma-s.
* * * * * * * * * * * * *
Ay amagday n yal ass.

YAHIA YANES. (Enseignant, journaliste, poète et écrivain.)


Auteur: YAHIA YANES