samedi 1 mars 2014

El-Kseur : Le MAK honore la mémoire de Katia Bengana

El-Kseur :

Le MAK honore la mémoire de Katia Bengana

De Béjaia, Saïd Tissegouine
Feue Katia Bengana, contrairement à la plupart des jeunes filles de Meftah, a préféré non seulement porter la robe kabyle mais aussi répéter dans son entourage que la couture kabyle n’avait rien à envier aux autres. La martyre savait à quoi elle s’exposait. En ce début de la décennie 1990, la mort pouvait frapper quiconque, en tout lieu et à tout moment.
01/03/2014 - 14:14 mis a jour le 01/03/2014 - 14:14 parSaïd Tissegouine
Le 28 février 1994, les prometteurs de l’Eden éternel de l’au-delà et à la fois sanguinaires d’ici-bas signent une horreur à Meftah. Avec un fusil à canon scié, ils tirent froidement sur une jeune lycéenne. La victime s’appelle Katia Bengana. « Le crime de lèse-majesté » de la jeune fille, originaire d’El Kseur (Béjaia) est son refus de porter le nikab ou le tchador, ces habits ridicules que les adeptes de la chariaâ version nouvelle ont voulu imposer aux Algériennes.
Feue Katia Bengana, contrairement à la plupart des jeunes filles de Meftah, a préféré non seulement porter la robe kabyle mais aussi répéter dans son entourage que la couture kabyle n’avait rien à envier aux autres. La martyre savait à quoi elle s’exposait. En ce début de la décennie 1990, la mort pouvait frapper quiconque, en tout lieu et à tout moment.
Vingt après, jour pour jour, la grande famille militante du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), à sa tête, Bouaziz Aït-Chebib, s’est joint à la famille de sang de la martyre pour honorer sa mémoire. Le regroupement a eu lieu au cimetière d’El-Kseur où repose à jamais Katia Bengana.
Aux côtés de l’imposant groupe du MAK et proches de la défunte, il y a avait aussi des personnalités du monde artistique et culturel à l’instar du chanteur Akli D. La cérémonie de recueillement s’est traduite par l’observation d’une minute de silence et la prise de parole.
Le premier à intervenir est le père de la martyre, Rachid Bengana. Le père, encore meurtri par la disparition de fille tant chérie, est revenu longuement sur certains aspects de la vie Katia et surtout les derniers jours avant son assassinat. « Elle savait qu’elle était menacée et tous les habitants de Meftah le savaient aussi », a-t-il témoigné. « Nonobstant la sérieuse menace qui pesait sur elle, elle a à plusieurs occasions rappelé à sa mère qu’aucune menace ne pouvait la faire reculer devant ses convictions », a ajouté le père, la gorge nouée. Le chanteur Akli D. a quant à lui suggéré que le prochain hommage à Katia soit traduit par l’organisation d’un gala.
Mouloud Mébarki, président du conseil national du MAK a, en ce qui le concerne, suggéré l’érection d’une stèle à la mémoire de Katia. Quant à lui, Bouaziz Aït-Chebib a longuement mis en avant les aspirations et le combat de la martyre. Le président du MAK a souligné que les idéaux de Katia Bengana sont repris et défendus par des millions de personnes. Le numéro un du MAK a qualifié la défunte de « l’exemple de résistance et la lutte pour la liberté et la dignité ». « Aujourd’hui, ajoute-t-il, nous devons faire le serment de continuer le combat de Katia ».
La dernière personne à prendre la parole à cette occasion est Mlle Nadia Reggad. Son intervention a consisté à lire à la mémoire de la défunte un poème paru le 29 février I994, soit au lendemain de son assassinat, et composé par Belkacem Rouache, journaliste, écrivain, scénariste et poète. Lors de la lecture en français de ce poème de plusieurs strophes et intitulé « Quand Dieu créa la femme », le père de Katia ne pouvait pas retenir ses larmes. D’ailleurs, il n’essaya pas de les cacher.