vendredi 7 décembre 2012

Hommage à Mohya : hypocrisie des officiels, colère des autonomistes


Hommage à Mohya : hypocrisie des officiels, colère des autonomistes

ven, 2012-12-07 20:14 -- Dalil Makhloufi
Il fallait être du côté d'Ath Eurvah (daira d'Iboudrarene) ce matin pour voir à quel point la Kabylie est devenu le terrain des satellites du pouvoir qui viennent aujourdhui tenir des discours aussi faux cul qu'hyppocrites sur la tombe du grand dramaturge kabyle Muhand U yahia dit "Mohya" qui est et restera comme le précurseur du théâtre kabyle dont bénéficie aujourdhui des dividendes, les jeunes artistes kabyles et tout ceux qui croient encore à la profondeur de ses textes.
Beaucoup de monde s'est déplacé ce matin. Les uns pour rendre hommage à l'artiste, les autres pour montrer le bout de leurs nez avec l'étiquette des officiels sur le front.... La cérémonie s'est déroulée en deux temps. Tout d'abord avec les responsables de la culture et notamment Ould Ali l'Hadi, quelques personnalités de la chanson kabyle, Lounis ait Menguellet, Zedek Mouloud, Karim Branis et d'autres mais aussi la famille Mohya et les médias "soit disant Berbères".
Après de nombreux discours faisant l'éloge du grand Mohya par ceux la même qui aujourdhui mangent dans la soupe des bourreaux du dramaturge, il s'en suivra d'une collation à la sortie du cimetière sous des airs musicales d'Ait menguellet et quelques passages des sketchs du dramaturge kabyle, à se demander si c'était un hommage au fils d'Ighil Bouamas ou alors à Muhend U Yahia. Suite à cela, une délégation du Mouvement pour l'autonomie de la kabylie, emmenée par Bouaziz Ait Chebib est arrivée au moment même où la foule imputée des officiels a quitté le cimetière... La délégation du Mak, embellie de jolis drapeaux berbères si chers à Mohend U yahia est venue rectifier le tir afin de remettre les choses en place et eviter à Mohya de se retourner dans sa tombe toute la journée!
Le président du Mak a appelé les associations et des comités de village pour défendre le peuple kabyle de tout détournement et défendre les symboles de la Kabylie en proies aujourdhui aux pions du pouvoir en Kabylie afin de normaliser la région et soustraire toute connotation berbère et kabyle aux symboles de la région. Comme disait Bessaoud Mohand Arav "heureux les martyrs qui n'ont rien vu". Il a ensuite évoqué le parcours militant du regretté et son attachement profond à la Kabylie et souligné le rôle joué par Ferhat Imazighen imula, Djurdjura et d'autres afin que les messages de Mohya arrivent à bon port par la voix de nos artistes.
Très touché par le contexte de cette matinée il enchainera avec cette phrase qui en dit longt "Si Mohya s'était réveillé devant les discours qui ont lui eu lieu plus tôt dans la matinée il les aurait allumé".
A noter que Da Hacene Cherifi, compagnon du regretté Mohand Haroun dans l'affaire des poseurs de bombes a été tout simplement écarté et censuré par les organisateurs et médias alors qu'il a perdu 10 ans de sa vie à croupir dans les geôles du pouvoir pour qu'aujourdhui ces messieurs puissent parler librement et exercer pour certains leurs métiers, il dénoncera cette censure pendant les discours des makistes et lançant un avertissement sur l'oubli pour les générations futurs, privés de leurs histoires, conditionnés par des médias étatiques et promis à l’exil ou à l'assimilation dans l’Algérie de demain.
De nombreux jeunes ont dénoncé la main-mise sur l’évènement des officiels, retenant que l'assistance locale et parmi eux des membres du comité de village ont été écartés des discours ainsi que l'absence du drapeau berbère. Ils ont remercié la délégation du Mak d'avoir honoré Muhend u Yahia en donnant de l'importance au drapeau dont les Matoub, Mohya, Harroun, Taos Amrouche ou Bessaoud ont payé le prix fort.
Dalil Amazigh Kabyle.com

Le MAK rend hommage au dramaturge kabyle d'envergure universelle : Muhend U Yehya







En arrivant au village d’Ait Eurbah où repose Mohya, la délégation du MAK a tenu à se démarquer de la cérémonie officielle organisée par la direction de la culture de Tizi-Ouzou, et le chef de Daira, « venue représentent ici l’administration coloniale d’Alger » précise le président du MAK. Ce n’est que vers 11h 30 que la délégation du MAK, accompagné de jeunes du village, est montée au cimetière du village pour se recueillir sur la tombe de Muhya, devenu une véritable icône de la culture kabyle. La tombe de Mohya a été parée du drapeau amazigh, symbole de la culture ancestrale que le célèbre dramaturge a enrichi de nombreuses œuvres. Après une minute de silence à la mémoire de l’intellectuel engagé, le président du MAK, outré par le culot du régime raciste d’Alger, a dénoncé la « souillure dont a été victime Mohya par les officiels de ce régime raciste en lui imposant leur présence sur sa propre tombe, après avoir vainement tenté de le museler » Pour le président du MAK, « les hommages posthumes du régime visent à récupérer et à détourner la mémoire de Muhya ». Selon Bouaziz Ait-Chebib, « ces cérémonies officielles ont un objectif : permettre aux Kabyles de service de se faire une virginité sur le dos d’un géant de notre culture ». En effet, « Voir les vautours du régime qui l’ont privé de parole en train de récupérer sa mémoire et détourner son combat est la meilleure manière de l’assassiner » a-t-il dit. Rajoutant sur cet aspect ,jugé blasphématoire, « lemmer ad d-yekker Muhya, ad ten-id iwali, ad yughal ». Il conclu en rappelant que « de toutes les descriptions faite sur le totalitarisme et le despotisme du régime algérien, celle de Muhya est la plus adéquate, la plus percutante. Muhya avait en effet dit : en 1962, l’Algérie a remplacé le France ! ». « C’est on ne peut plus clair » a-t-il-dit. Le président du MAK a ensuite lancé un appel en direction des associations et des comités de village afin de « protéger la mémoire collective du peuple kabyle de tout détournement » et « soustraire les hommes et les femmes, qui font notre fierté, des griffes du régime et de ses relais locaux » Revenant sur le parcours de Muhen U Yehya, le président du MAK a mis en valeur « les différentes facettes d’une magnifique œuvre engagée, allant de la poésie, dont les textes ont été chantés par les ténors de la chanson kabyle : Ferhat, Idir, Ideflawen, Djudjura, Debza, à l’adaptation en kabyle des œuvres universelles dont la célèbre Jarre de Luigi Pirandello ». Ce qui démontre, selon l’orateur à quel point « notre langue est vivante et peut, comme toutes les langues dites développées, véhiculer l’art et la culture universelle ». Bouaziz Ait-Chebib considère que les fabuleux textes des pièces de théâtres de Muhya « font de lui le père fondateur du théâtre amazigh », avant de rajouter que « au-delà du fait que Muhya était kabyle, ce qui est incontestable, Muhya était d’abord et avant tout un militant d’une Algérie plurielle réconciliée avec son amazighité : une histoire plurimillénaire ». « Muhya était un défenseur de toutes les causes justes et sa dimension dépasse le cadre kabyle, algérien ou nord-africain : sa dimension est universelle » précise encore le président du MAK. Bouaziz Ait-Chebib a regretté l’absence des drapeaux amazighs en Kabylie. Il a souligné que « Tous les amazighs aujourd’hui, brandissent haut et fort ce drapeau, alors qu’en Kabylie, en dehors du MAK, les formations kabyles boudent, quand ils ne l’interdisent pas, ce drapeau qui incarne à lui seul le combat de Muhya ». Revenant sur la commémoration en elle-même, le président du MAK fera remarquer que « les textes forts de Muhay, ceux qui ont fait la gloire de la chanson kabyles engagée dans les années 80, sont absents de cette commémoration », en précisant que « c’est là une grave amputation de son œuvre, très certainement due au fait que les suppôts du régime raciste d’Alger rodent autour de tous nos repères pour les vider de leur substance ». Après avoir récité un de ses poèmes « ayen vghigh » et raconté quelques anecdotes concernant ce personnage hors du commun, le président du MAK a conclu en disant que « le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Muhya, c’est de défendre sa mémoire et continuer son combat dans la fraternité, sans jamais perdre de vue la terre qui l’a vu naitre : la Kabylie ». Hsen Cherifi, un des compagnons de Muhend U harun dans l’affaire des poseurs de bombes, a ensuite demandé la parole, pour dire : « j’étais présent à la cérémonie officielle, j’ai demandé la parole, ils ont refusé de me la donner en chuchotant : ne lui donnez pas la parole, il pourrait dire quelques vérités. Sur la tombe du chantre du combat pour la liberté d’expression, j’ai été censuré. C’est scandaleux. » A la fin du recueillement, plusieurs jeunes, touchés par le langage de vérité développé ,sont allés saluer la délégation du MAK en leur demandant comment adhérer au mouvement. Un des jeunes du village d’Ait Eurbah est allé demander un drapeau amazigh au président du MAK pour « orner la fresque de Muhya ». Le drapeau lui a été remis avec grand plaisir. Enfin, en redescendant du cimetière, quelques membres du comité de village d’Ait Eurbah ont intercepté la délégation du MAK pour les remercier d’avoir boycotté et surtout d’avoir dénoncé haut et fort la cérémonie officielle à laquelle ils avaient également refusé de se rendre. Ils ont dénoncé cette cérémonie de façade et l’ont dénoncée comme une tentative « d’usurpation de la mémoire de Muhya par le pouvoir ». Ils ont dénoncé le fait que « le Comité de village ait été évincé par le pouvoir et ses relais locaux pour le détourner et cacher l’idéal qui transparait dans l’œuvre de Muhya ». Ils ont refusé d’y participer en leur assénant : « Faites tout ce que vous voulez : Muhya ne vous appartient pas, il appartient à son peuple ». zp SIWEL 071542 DEC 12