lundi 17 septembre 2012

Kabylie : les martyrs du Printemps noir reviennent cette semaine - Le Matin DZ - Les idées et le débat


Kabylie : les martyrs du Printemps noir reviennent cette semaine

Par Le Matin DZ | Il y a 1 heure | 333 lecture(s) | Réactions (0)
Qui cherche à pourrir la Kabylie? Le redéploiement des brigades de gendarmerie qui, plus d'une décennie après le Printemps noir, est toujours un mépris aux martyrs du Printemps noir. Mépris aussi des autorités face à une région qui a compté ses morts l'hiver 2011, a vu ses oliveraies, sa faune, sa flore détruites par des incendies criminels, fait l'objet de bavures et de provocations des forces de sécurité...
"Il suffit du bout de bois d’un esclave, pour faire, dans le ciel de Dieu et dans le cœur des hommes, le plus énorme incendie." Mouloud Mammeri 
Bavures militaires, incendies criminels, provocations policières contre des militants politiques ou d'associations culturelles, institutions publiques sourdes aux revendications des citoyens: la Kabylie est en passe de revivre un Printemps noir dont les principaux acteurs n'ont cessé d'être l'objet de dénigrements multiformes: corrompus, achetés par le pouvoir dont le seul but est de porter atteinte à un mouvement citoyen qui, malgré le complot des "aârouc taïwan" et les répressions mutliformes, n'a pas abdiqué. 
Ce qui s'est passé, ce dimanche dans la région de Mizrana, où les populations villageoises ont détruit les deux édifices des brigades de gendarmerie contre l'installation desquelles elles s'étaient auparavant opposées, est le signe avéré que le printemps noir de 2001, le refus d'intercepter la plateforme de la Soummam par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sont toujours vivaces au sein de la population et que le vent de contestation ne s'est pas transformée en brise de la compromission. Depuis 2001, plus d'une décennie s'est écoulée sans que, pourtant, l'on ne signale des actions de contestation contre le redéploiement timide mais progressif des brigades de gendarmerie là même où elles ont été rasées par les populations. Depuis, restée fermée à toute visite d'Abdelaziz Bouteflika, la Kabylie, ses trois wilayas, Tizi-Ouzou, Béjaia, Bouira, n'a pas éteint les braises de la révolte et l'assassinat des cent vingt six jeunes ( 126) tirés à vue par les gendarmes, est resté impuni depuis.
Après avoir enregistré un fort taux d'abstention au scrutin législatif du 10 mai dernier et, s'apprêtant à réaliser le même score aux communales en dépit de la participation du RCD et de FFS, la Kabylie reste dans le collimateur du pouvoir et cela s'est traduit par plusieurs faits troublants qui ont attisé la colère des citoyens afin de créer un climat d'insécurité, un chaos qui se justifierait par les urgences de la lutte antiterroriste où les groupes d'Al Qaïda au Maghreb islamique, malgré les multiples barrages fixes et occasionnels, l'implantation de postes avancés de l'Anp dans la région de Mizrana, à Adekkar ou à l'entrée des villes comme Bouira ou Béjaia, sèment la terreur, en témoigent les récentes incursions de groupes armés dans les bars ou encore la multiplicité de faux barrages durant lesquels les terroristes mènent leurs prêches, rackettent les citoyens et les incursions dans les villages pourtant "surveillés" par les garnisons militaires.
La lutte antiterroriste en Kabylie semble être contreproductive dans la mesure où, tout au long de l'année 2011, l'ANP dans cette région s'est signalée par des bavures meurtrières qui ont soulevé l'indignation des populations.
Au danger terroriste, maintenu, il faut le dire sous perfusion et par lequel s'est justifiée le redéploiement des brigades de gendarmerie dans plusieurs localités, s'est ajouté, l'hiver 2011, l'abandon totale des autorités locales et nationales des populations restées bloquées par la neige qui a fait plusieurs victimes. Ce drame n'a pas fait réagir le chef de l'Etat et la population, livrée à elle-même, n'a pu sortir de l'enfer glacial que par ses propres moyens rudimentaires, sous le silence complice et le mépris des autorités du pays, comme si la Kabylie n'en faisait pas partie ou qu'elle payait le prix de ses rébellions. Après avoir été abandonnée aux rigueurs de l'hiver, elle est, cet été 2012, livrée aux flammes qui ont ravagé sa principale substance, les oliveraies, détruit pour longtemps sa faune, sa flore et menacé plusieurs villages qui ont dû être désertés. Plusieurs citoyens, appartenant à des associations ont accusé l'armée de se livrer à ces actes de pyromanes dans le seul but de créer un vent de panique en Kabylie, sous le prétexte que ces incendies participent d'une stratégie de lutte contre les maquis terroristes dont l'implantation est pourtant identifiée par les forces de sécurité alors que les incendies se sont déclarées, le plus souvent, hors des zones suspectées protéger les groupes d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Même certains élus locaux de la région se sont posés la question de savoir si derrière ces feux de forêts qui se sont propagés à une allure telle qu'ils ne pouvaient être le fait de la canicule, il n'y aurait pas, la main des militaires et à quelles fins. Là aussi, alors que la Kabylie brûlait comme au temps du napalm durant la guerre de libération, les autorités ont laissé faire, aucun gros moyen technique de lutte contre les feux ravageurs n'y a été dépêchés. Voir la Kabylie "brûler" dans tous les sens du terme et se taire. Voilà ce qu'a été la devise du pouvoir qui, lors de l'hiver qui lui a couté des morts, lançait ses réformes et lors de l'enfer des flammes organisait ses législatives.
D'autres faits, isolés, mais sans doute symptomatiques d'un pourrissement que l'on cherche à installer au sein des populations, s'ajoutent dans leur caractère révoltant. Nonobstant les fréquentes revendications socio-économiques de nombreux villages laissés-pour-compte, des provocations avérées par les forces se sécurité poussent les populations à s'insurger et à faire justice elles-mêmes à défaut de se voir protégées. La semaine dernière, à Adekkar, dans la wilaya de Béjaia, les populations villageoises, ont bloqué la daïra où s'étaient réfugiées des éléments de l'An accusés de porter atteinte à l'honneur de jeunes villageoises qui traversent leur lieu de campement. La venue sur les lieux de la protestation du commandement du secteur n'a pu éteindre la colère des citoyens. Par ailleurs, le site de l'Agence Kabylie d'information Siwel, tribune du parti autonomiste kabyle, le MAK, rapporte plusieurs intimidations, violences et arrestations dont font l'objet ses militants avec photos à l'appui.
Sur le plan de la vie politique dans la région, celle-ci se traduit par des démissions collectives au sein du FFS depuis sa participation aux législatives et, sans nul doute, l'annonce du RCD dans la course aux locales après avoir boycotté les législatives, va aviver les tensions dans une Kabylie les martyrs du printemps noir reviennent cette semaine.
R.N

15/09/2012 à 10h:56
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Un homme amputé, sur son lit d'hôpital, le 11 septembre à Gao. © Capture d'écran d'une vidéo tournée le 11 septembre 2012/AFP
Les premières images de victimes d'amputations pratiquées par les islamistes à Gao, dans le nord du Mali, ont été diffusées vendredi par l'AFP, qui s'est procuré une vidéo tournée sous le contrôle des islamistes dans un hôpital de cette ville le 11 septembre.
Cette vidéo, obtenue par l'AFP auprès d'un journaliste malien à Bamako, a été tournée par un caméraman local avec l'accord des jihadistes, le lendemain de l'amputation de cinq hommes présumés voleurs pratiquée au nom de la charia (loi islamique). Un journaliste de l'AFP a reconnu les lieux filmés.
Selon des sources locales, ces amputations avaient été effectuées par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui contrôle Gao.
La vidéo débute par un plan du panneau situé à l'entrée de l'hôpital de Gao et portant son nom, Hangadoumbo Moulaye Touré. Le drapeau jihadiste, noir et portant en caractères arabes la profession de foi de l'islam ("Il n'y a de Dieu que Dieu"), y a été accroché.
Un véhicule tout-terrain beige portant un calicot jihadiste à côté de sa plaque d'immatriculation est garé devant des chambres.
A l'intérieur, trois hommes, jeunes, sont allongés sur des lits. Leur main droite et leur pied gauche ont été sectionnés et leurs blessures bandées. A l'arrivée de la caméra, ils cachent leur visage derrière leur main valide ou en tournant la tête.
Capture d'écran d'une vidéo tournée le 11 septembre 2012 montrant un homme amputé, sur son lit d'hôpital à Gao
© AFP
"Volonté de Dieu"
"Ce que nous leur avons infligé, c'est Dieu qui nous l'a commandé (...). La volonté de Dieu a été accomplie et les péchés de ces gens ont été effacés", assène un jihadiste portant un keffieh. Il dit s'appeler Aliou Mahamar, se présente comme "commissaire islamique de Gao" et s'exprime en sonraï, une des langues parlées au Mali et dans la région.
Il entame ensuite avec un des amputés un dialogue à base de références religieuses qu'il ponctue régulièrement de "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand, en arabe).
"Nous préférons être châtiés dans ce monde ici bas et être absous de nos pêchés", affirme la victime, sans qu'il soit possible de déterminer si ses paroles lui ont été dictées ou pas.
Privé de deux membres, l'homme est désormais réduit à la mendicité et à la merci des nouveaux dirigeants de la communauté, comme il le fait lui-même remarquer en montrant au jihadiste sa main coupée et en lui disant: "Toi qui es le chef, il ne faut pas nous oublier, nous aurons besoin de manger durant notre convalescence".
Au total, cinq hommes accusés de vol ont été amputés le 10 septembre à Gao, selon une source médicale sur place. Le Mujao, auteur des amputations, est un groupe dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui détient neuf otages européens. Des dirigeants d'Aqmi sont régulièrement vus dans ces zones du nord du Mali.
"Vol de moto"
La première amputation publique effectuée par les islamistes dans le Nord remonte au 8 août à Ansongo. Il s'agissait d'un homme accusé d'avoir volé une moto, qui a été mutilé par des hommes du Mujao.
Le 29 juillet, des membres d'Ansar Dine avaient lapidé à mort, en public, à Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés.
D'autres couples jugés "illégitimes", des hommes accusés d'avoir bu de l'alcool, de fumer, ou encore d'être des voleurs ou des violeurs ont aussi été fouettés en public par les islamistes dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou (nord), où ils ont aussi détruit des tombeaux de saints musulmans vénérés par la population.
Les autorités maliennes, des organisations de défense des droits de l'Homme et l'ONU ont dénoncé ces agissements, mais se sont révélées impuissantes à y mettre un terme.
Profitant d'un coup d'Etat militaire le 22 mars qui a déstabilisé le pouvoir à Bamako, les islamistes ont pris le contrôle du nord du Mali entre fin mars et début avril, en même temps que des rebelles touareg qu'ils ont, depuis, évincés de ces zones.
Le 1er septembre, le Mujao a pris sans combats Douentza, ville stratégique de la région de Mopti, dans le centre du pays.


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