jeudi 23 avril 2015

évocation Chérif Kheddam

Un engagé dans la bonne musique et le combat identitaire


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S’il est considéré le maître incontesté de la musique kabyle, tant pour ses musiques élaborées que pour l’harmonie injectée à ses mélodies, le chanteur Chérif Kheddam aura été aussi un auteur de textes tout aussi savoureux que caustiques. En effet, comment ne pas se rappeler en ce 20 avril, en entendant cette déferlante humaine scander sur le boulevard de Tizi-Ouzou « Imazighen ! Imazighen ! » cette chanson de Dda Chérif : « tekesd iyi awal deg imiw, tedjeâled ad essusmegh », tu me prives de ma langue et tu penses que je me tairai ! Cette chanson date curieusement de 1978. Dix ans auparavant, il nous avertissait que le combat est long : « avridh iggunin idhul » « Que de siècles écoulés, et le chemin est encore long ». Lors du Festival panafricain, il dut répondre positivement aux étudiants venus lui demander de faire venir à l’université Taos Amrouche, interdite du Festival. Tous les animateurs du Printemps berbère et les « Maquisards de la chanson » s’accordent à dire que Chérif Kheddam a été le précurseur de la chanson engagée sur la voie de la revendication identitaire. Ce qui lui a d’ailleurs coûté quelques démêlées avec les responsables de la RTA et de la Culture de l’époque. Dda Chérif, exacerbé par l’arabisation confiée à des enseignants égyptiens -des cordonniers- s’offusquait-il, composa en 1975 « dhadzayri aka ay zrigh, ur ligh dwa dwihin », « je me sais Algérien, je ne suis ni celui-ci ni celui-là! » S’inscrivant dans l’universalité, la musique de Chérif Kheddam se veut avant tout algérienne. Il confiait ses œuvres musicales à des musiciens classiques, il léguait ainsi à l’Algérie des chansons dont la musique était exécutée par l’orchestre de l’Opéra comique de Paris que dirigeait Franck Pourcel. En écoutant « Alemri » et « Tura inek », on se rend compte que Dda Chérif sort du lot comme aime à le répéter l’autre grand auteur Kamal Hamadi.

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