samedi 3 novembre 2012

GREVE DE L’IMPOT EN PAYS AMAZIGH EN 1638

GREVE DE L’IMPOT EN PAYS AMAZIGH EN 1638

kiki
lundi 22 mai 2006
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Pierre SALF était docteur en urbanisme de la faculté d’Alger ,promo 1962,émigré en France à la veille de l’indépendance. Il a recueilli des témoignages et des recits sur l’Algérie pré-coloniale. Il s’est notamment interessé "au pays amazigh" et à son histoire trop peu connu. Il rapporte ici la grève de l’impôt de 1638. Ce texte nous a été communiqué par son fils, le docteur Eric Salf.

Tableau de DUDIN
Tableau de DUDIN
Combat naval livré par le Duc de Beaufort aux pirates barbaresques. D’après un tableau de DUDIN. Préfecture de Versailees
Les premières relations commerciales (officielles) entre la France et l’ALGERIE remontent vers le milieu du XVI ème siècle. Deux négociants de MARSEILLE, Thomas LINGHE et Carlin DIDIER avaient acheté, en 1561, d’HASSAN Pacha représentant du gouvernement TURC en Alger, la faveur d’établir un comptoir à la CALLE, afin de développer la pêche du corail.
Alger et ses janissaires, renégats Européens dits-plus tard « turcs de profession », ayant rompu avec la TURQUIE , expulsèrent, en 1604, les Marseillais de la CALLE, et dévastèrent leurs établissements, qui s’étendaient déjà du cap NEGRE au cap ROSA et au BASTION DE FRANCE (proximité de la frontière tunisienne).
Quatre ans après, en 1609, HENRI IV obtint de MOHAMMED III l’injonction, faite aux pachas d’Alger, d’avoir à respecter le pavillon français. Cette mesure fut repoussée par les janissaires, devenus tout-puissants.
En 1626, la France mit à profit des conditions plus favorables. RICHELIEU envoya Sanson NAPOLEON en Alger, pour ouvrir des négociations directes avec les corsaires ? Après les laborieuses tractations, un traité signé le 19 septembre 1628 stipula la restitution mutuelle des esclaves,la sécurité des parcours pour les navires, l’installation d’un consul Français en Alger, le droit de rétablir les comptoirs de la CALLE et de BONE, en ajoutant à la pêche au corail le commerce des cuirs, de la cire, de la laine et des chevaux (ce qui suppose logiquement l’importation de produits Européens, difficilement réalisés sur place, par l’industrie autochtone), moyennant une redevance annuelle de 16 000 livres-or, en pièces françaises.
Cette convention ayant été violée, plus tard, en ce qui concerne les captifs Français, LOUIS XIII fit partir, au mois de novembre 1637 l’Amiral de MAUTY avec 13 bâtiments de guerre. Une tempête ayant dispersé l’escadre à la sortie de TOULON, le vaisseau-amiral arriva, seul, en face d’Alger. Ces menaces n’ayant produit aucun effet, il repartit donc, le pavillon de guerre en poupe....Peu de temps après, un navire de l’escadre captura deux felouques Algériennes ! A cette nouvelle, les corsaires armèrent cinq galères, et allèrent piller le bastion de France, les comptoirs de la CALLE et du Cap Rosa, en ramenant sur Alger 300 prisonniers et un immense butin.... »
L’affaire aurait pu en rester là, et (sauf erreur de notre part) elle est ainsi contée. Or, il y eut une suite, assez savoureuse !
L’année suivante (1638), les Kabyles du voisinage et de la montagne, qui faisaient de bons bénéfices en négociant avec les Français, refusèrent tout net de PAYER L’IMPOT (Achour), sous prétexte que la destruction des comptoirs les avait ruinés... Un corps de Janissaires, envoyé contre eux, fut taillé en pièces .... ! L’INSURECTION gagna de proche en proche, et devint si formidable qu’ALGER- MEME FUT MENACEE ! Elle n’obtint la paix qu’aux plus dures conditions :
-  Les KABYLES furent exonérés des impôts dus
-  Les TURCS prirent l’engagement de reconstruire, à LEURS FRAIS, le Bastion et les autres comptoirs, et d’y ramener les commerçants Français, qui en reprirent effectivement possession dès 1640.
Aucun désastre ne les atteignit plus, par la suite, malgré les guerres continuelles que LOUIS XIV fit aux corsaires. L’intérêt des autochtones protégeait mieux les Français que les canons de leur Marine ! Ils avaient fait de la sécurité des Français LA CONDITION RIGOUREUSE DU PAIEMENT DES IMPOTS !
150 ans plus tard, la REVOLUTION FRANCAISE, en détruisant la « Compagnie d’Afrique », renvoya au néant cette fructueuse collaboration commerciale et humaine.... DEJA !

P. SALF

Réf : P. CHRISTIAN « L’AFRIQUE FRANCAISE »

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Post-scriptum :
"A la mémoire de Pierre Salf"
Eric Salf

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