vendredi 11 février 2011

Système éducatif algérien : L’industrie du désespoir | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie

Système éducatif algérien : L’industrie du désespoir | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie

Système éducatif algérien : L’industrie du désespoir

Par Muhend Larvi Tayev, président du MAK par Intérim

Nonobstant les dispositions institutionnelles (articles 2, 3 et suivants de la Constitution algérienne) qui briment la nation kabyle par un déni intégral, les entraves à la liberté du peuple kabyle trouvent aussi leurs sources dans des lois scélérates qui lui interdisent et le dépossèdent, suivant le cas, de l’exercice de sa libre expression.

08/02/2011 - 20:16 mis a jour le 08/02/2011 - 21:32 par Muhend Larvi Tayev

tmenna
">
tesnekta
tisnektiwin
tesnektiwin
">

« Le système éducatif a pour mission de former des arabo-islamistes à conscience socialiste. »

Ce n’est pas une galéjade mais bien la teneur de l’article 2 de l’Ordonnance 76/35 du 16 avril 1976 relative au système éducatif algérien. Pour lever toute équivoque quant à la marche à suivre, l’article 24 alinéa 4 précise : « acquérir les comportements et les attitudes conformes aux valeurs de l’islam et de la morale socialiste ». L’enseignement des langues étrangères est toléré dans un seul cadre : « pour leur permettre d’accéder à une simple documentation dans ces langues ».

Universellement, un système éducatif est dédié à la formation des élites dans les sciences, la technologie, les valeurs humaines afin d’en faire des citoyens compétents et responsables, à même d’assurer le présent et le futur des nations. Mais en Algérie, sans ambages, on décrète que le système éducatif doit former des divisions d’hallucinés en devenir de zombies ou de kamikazes. Il est évident que les concepteurs d’une telle politique éducative et culturelle d’un pays n’ont aucun sens de l’intérêt public et ne méritent en aucune façon d’être des commis de l’état. Quant à ceux qui l’ont signée et promulguée et qui se croient hommes d’état, l’histoire les juge déjà comme des criminels.

Ce qui parait de prime abord pour un être normalement constitué comme une stupidité intégrale et une hérésie académique pour un pays, continue de sévir dans l’école algérienne depuis maintenant 35 ans. Mais durant tout ce temps, malgré la chute vertigineuse et aveuglante du niveau scolaire à tous les paliers, malgré la déshérence de cohortes de diplômés inemployables parce que sans aucune formation sérieuse et malgré les conséquences tragiques sur la jeunesse qui s’immole ici ou préfère se suicider en mer, le plus loin possible du pays, cette usine de malheur continue de sévir avec le même personnel qui se transmute entre les ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur avec la même assiduité criminelle.

Le résultat est là ! Brutal et sans appel lorsque des charretées de jeunes algériens noyés sont renvoyés par le ressac sur les rives nord et sud de la méditerranée. Lorsque des diplômés de l’enseignement supérieur ne sont même pas capables de rédiger par eux-mêmes leurs propres CV. Le seul effort intellectuel qui vaille à leurs yeux est de pouvoir rédiger correctement la demande de visa d’étude et la lettre de motivation, au besoin en se faisant aider par des aînés, pour partir et ne plus jamais revenir au pays.

Voici venu le temps des comptes d’un système d’embrigadement appelé pompeusement système éducatif qui a sapé deux générations et ruiné tout espoir chez la jeunesse algérienne.

En 2000 j’ai adressé un rapport au président de la CNRSE – Commission Nationale Pour la Réforme du Système Éducatif - en tant que rapporteur de la s/commission « nouveau système ». En introduction, j’avais écrit :
- vu que les propositions constructives butent sur les appétits des gens du sérail, responsables de cette situation et qui n’ont d’autre objectif que de concocter des fiches techniques des postes qu’ils convoitent ;
- vu que lesdits postes sont vitaux pour toute velléité de changement ; alors je vous dis, M. le président, que le système d’embrigadement actuel est un système qui engendre des conflits endogènes et exogènes. Un système qui mène vers un suicide collectif, un système qui inhibe tout savoir et l’enseignement de notre histoire riche d’un cumul de valeurs et de moralité inestimable…

Devant un tel constat, la Kabylie s’arroge le droit de sauvegarder sa jeunesse et de construire par elle-même son avenir. Ce droit est naturel et inaliénable. Naturellement, ce droit concerne tous les peuples d’Algérie, mais s’il y a ceux qui se complaisent de cette situation, ce n’est nulle raison de brider les autres par un nivellement par le bas. C’est particulièrement vrai dans le cas de la Kabylie où la langue, la culture, l’histoire, les coutumes et la pratique religieuse encadrée par une praxis laïque sont des constantes millénaires. En effet, le paganisme, judaïsme, le christianisme, l’islam ont traversé la Kabylie sans travestir son âme ni altérer le bon sens et la tolérance de son peuple.

Il est patent que le système éducatif algérien actuel est une machine d’embrigadement dominée par l’idéologie arabo-islamique au détriment des langues autochtones qu’il contribue à détruire jusqu’à leur effacement total. La nation kabyle refuse cette fatalité.

Le MAK est l’expression politique de ce refus net et sans retour. L’une des préoccupations majeures de son gouvernement est la construction d’une école laïque, performante et ouverte sur l’universel dans la Kabylie autonome. Une université d’où sortiront des postulants à la post-graduation qui n’auront pas à perdre 1 ou 2 années de mise à niveau dans les universités étrangères pour commencer enfin leur cycle de formation comme c’est le cas actuellement.

Le philosophe anglais du 17e siècle, John Locke disait : « Je crois pouvoir dire que les neuf-dixièmes des hommes que nous connaissons, sont ce qu’ils sont, bons ou mauvais, utiles ou nuisibles, par l’effet de leur éducation ». On ne peut qu’admettre la véracité et la pertinence de cette assertion. Mais manifestement, elle n’a, en aucun cas, inspiré les pouvoirs algériens successifs qui ont choisi de livrer l’école à l’arabo-intégrisme en échange de la latitude à disposer tranquillement de la rente du pays.

La Kabylie qui n’a construit aucun donjon pour un roi ni aucune geôle pour un prisonnier aspire à édifier enfin pour son peuple, sur son territoire, les bases de son épanouissement scientifique et culturel, condition première de son essor économique, actuellement cadenassé par un pouvoir raciste qui lui confisque même un financement destiné à l’environnement octroyé par le PNUD.

C’est son droit et sa volonté et nul ne sera capable de les contrarier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire